Soixante million de pigeons posés sur leur bout de balcon sifflotent, colportent, crapotent le même air,
Survolent, tranquilles, les centrales nucléaires.


Soixante million de pigeons chargés en diesel et en plomb s'agitent, s'excitent, profitent du bonheur,
Consomment, en masse, les miettes de la Terre.

Je ne sais plus quoi chanter maman, sinon le même air de rien qui fait : nin nin nin ...

Soixante million de moutons en route vers la même direction papotent, chipotent, radotent le même air,
Piétinent, tranquilles, le siècle des Lumières.

Soixante million de moutons marchant aux ordres sans condition frémissent, pâlissent, se glissent dix pieds sous terre,
Ne bêlent plus sous le joug de la colère.

Je ne sais plus quoi chanter maman, sinon le même air de rien qui fait : nin nin nin ...

Soixante million de cochons avachis dans leurs déjections, se frottent, supportent, et rotent le même air,
Croupissent, tranquilles, dans leur sous-cimetière.

Soixante million de cochons aveuglés par leur condition frétillent, gaspillent, bousillent leurs derniers rêves,
Mijotent, ensemble, dans l'immense soupière.

Je ne sais plus quoi chanter maman, sinon le même air de rien qui fait : nin nin nin ...

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