J’étais si las, si blanc
Pour la prendre contre moi
Mais expliquez-moi comment le plus vieux des jardiniers

Peut renoncer à chérir sa dernière rose alliée ?

J’étais déjà si blanc mais
Je la voulais pour moi
Et sourire aux yeux des gens
En cachette guidant mes pas sur le chemin d’un foyer
Malgré l’hiver et l’effroi.

Elle était la plus belle que j’ai vue de mes yeux
Son sourire entre ses cils me rendait sage et heureux
Sa bonté parlait au ciel, me réchauffait comme un feu.

Mais quand le cerisier de mon jardin a fleuri
Elle vint un matin me dire de cerises son envie
Donne-moi de tes cerises car je porte un fils béni

Je regardais son visage, le velours de ses joues
Et je sentis la colère étrangler mon amour fou
Alors demande à son père de les recueillir pour toi

Mais elle, souriante, se détourna de moi
Avec les yeux de l’attente et la sagesse d’espérer
Elle regarde droit au ciel
Malgré l’hiver et l’effroi.

C’est la plus haute branche qui, pour elle, s’est penchée
Comme pour briser l’absence, comme si le père posait
Du sel entre ses mains blanches
les fruits de mon cerisier

j’étais si vieux, si blanc mais
je la pris contre moi car elle était la plus belle
et j’étais fait pour l’aimer
ma dernière fleur, mon pétale,
ma rose de Galilée

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