Album: Planète Rap 2008

Lettre du Front, Ici les combats font rage
Déjà plus d’une année passée loin de toi
Je ne compte plus le nombre de fois
Où j’ai relu tes lettres, pour y trouver ton soutien
C’est dans ton sourire que je puise la force de me battre
Jamais un hiver ne m’a paru aussi froid
Un jour je reviendrai, Incha’Allah
Je lis ta lettre, et des larmes coulent de mes yeux
Des perles salées roulent sur mes joues
Le papier se froisse sous mes doigts, déjà plus d’un an loin de toi
A chacune des lettres du front, je tremble, j’ai peur, j’ai froid
Je te revois, fier en uniforme
Sur le quai de la gare, paré à partir
Tu m’as promis de revenir, j’ai promis de te soutenir
Tu puises la force de te battre, dans mes yeux et mon sourire
Oh, avant l’armée, j'étais armé, dans l’quartier, j’ai formé
L'équipe la plus cramée, les keufs étaient alarmés
Zarma, on a cané les mecs les plus schtarbés
Srab, j’n’ai pas peur de fumer pour m’affirmer
Ensuite, Trois ans ferme, la prison m’a enfermé
J’ai vu ceux qui m’aimaient mieux qu’au travers d’une paire de Cartier
Les pleurs j’vais t'épargner, en m’engageant au front
J’voulais tourner la page avant que je me retrouve contourné
Du Rwanda au Proche-Orient, j’me suis inspiré
Le Darfour m’a bien changé des courses à Carrefour
J'écris, sur mon carnet, le déroulement de chaque jour
Pour que tu puisses comprendre ce que j’ressens durant mes journées
T’inquiètes, la Salat, j’ai pas détourné
Tu m’connais, j’suis borné, l’odeur de la mort m’y a renfermé
Déjà un an que j’suis parti, pss, le temps il passe, chant-mé
J'écris cette lettre contre l’assaut d’un cocktail molotov
Tu me décris ta vie là-bas, au fond des tranchées
Tu parles d’une odeur qui flotte, celle de la mort
Et tu t'étais fait des amis, ils ont disparu aujourd’hui
Tu évites de m’en parler, tu ne veux pas que je me fasse du soucis
Tu rêves, la nuit, de mon visage, d’autres paysages
Dans ton coeur tout est détruit, reste mon image
Nous sommes en plein mois de Décembre, mon second Hiver loin de toi
La neige a la couleur du sang, mes mains sont brûlées par le froid
Oh, je t'écris cette énième lettre, pour que tu comprennes que c’est la dernière
Car derrière-moi, les tirs fusent, me repoussent en arrière
La guerre n’a pas de barrières, je l’ai appris hier
Quand une balle s’est logée dans mes artères, j’suis par-terre
J’vais partir, je t’embrasse, toi, embrasse mes supporters
Mort avec la manière, et le coeur d’un bulldozer
J’ai compris, qu’au casting de la mort, y a pas que la misère qui postule
J’emmène ton visage à titre posthume
Loin de tes yeux, les miens ne voient plus rien
Mon coeur ne bat plus sans le rythme du tien
Reviens-moi, je t’en prie, les souvenirs m’assaillent
Pourquoi donner ta vie sur un champ de bataille?
Loin de tes yeux, les miens ne voient plus rien
Mon coeur ne bat plus sans le rythme du tien
Reviens-moi, je t’en prie, les souvenirs m’assaillent
Pourquoi donner ta vie sur un champ de bataille?
Un jour, je reviendrai, Incha’Allah

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