Album: À table (chansons bleues ou à poing)

Je n'emprunte plus trop de ces itinéraires
Qui faisaient mon plaisir quand j'étais avec vous
Je m'employais alors à faire et à parfaire

Les tours et les détours qui me menaient à vous

Je savais les impasses et les ruelles tristes
Les voies ensoleillées et les faux raccourcis
Les circuits encombrés et les meilleures pistes
Selon le temps qu'il fait, la fatigue et l'envie

Un de mes favoris, du temps de nos étreintes
Était de m'enfoncer dans le cours Rabelais
Et suivre les vestiges de notre mur d'enceinte
Mais ça n'a plus de charme depuis qu'on l'a refait

Promenade Ronsard et ses vieilles dorures
Avenue des Trouvères, histoire d'avancer
Courir sur les pavés, esquiver les jointures
Et sauter sur les bandes, hop ! au passage clouté

Emprunter à grands pas la rue des Hédonistes
M'attarder un instant devant les cinémas
Éviter l'évêché, et ses cars de touristes
Le parcours est fléché qui mène entre vos bras

Du boulevard Voltaire à la place Mendès
Passer par le marché couvert les jours de pluie
Tourner encore à gauche, suivre le quai Jaurès
Enfin franchir le fleuve, rejoindre votre lit

Longer les fers forgés du vieux cimetière
Couper un jour sur deux par le grand escalier
Rue des onze pendus, rue des souffleurs de verre
Ou bien par le canal quand la grille est fermée

Il vaut mieux ne pas prendre la rue des amoureuses
Et par là-même celle du Pierrot blessé
Elles sont bien trop longues et bien trop sinueuses
Et retarderaient trop l'heure de nos baisers

Qu'ils sont vides aujourd'hui, mes beaux itinéraires
Qu'ils sont vides de sens, qu'ils sont vides de vous
Que la ville est étrange, que la ville est amère
Mais que la ville est neuve quand elle est loin de vous

{x2:}
Qu'ils sont doux aujourd'hui, mes beaux itinéraires
Qu'ils sont pleins d'aventure et pleins de rendez-vous
Qu'ils sont pleins de sourires et de célibataires
Qu'ils sont riches à mes yeux quand je suis loin de vous

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